Bien souvent l’on entend “Dieu l’a voulu ainsi”, “tout ce que nous vivons à une raison d’être”. Alors je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais qu’avons-nous apprendre de la perte d’un être cher, de toutes les atrocités que les médias relaient, de la pauvreté extrême... ?
Je vous avoue que ces phrases toutes faites m’ont à plusieurs reprises fait sortir de mes gonds...
Il y a quelques années mon papa est décédé et ma maman quelques mois plus tard l’a suivi en empruntant le même véhicule : le cancer.
Les derniers jours de vie de ma maman, j’étais à ses côtés et je l’ai accompagné jusqu’à son dernier souffle. Pendant cette période, et celle qui a suivie, c’est à dire la préparation des obsèques, la succession, je me suis totalement oubliée et surtout ce que je vivais.
Et puis la vie a continué enfin pour les autres pas vraiment pour moi. Je traînais ma tristesse, pleurant sur l’orpheline que j’étais devenue et qui ne connaîtrait jamais le secret de sa naissance. Ma maman était la dernière personne qui aurait pu me dire la vérité.
Mes proches autour de moi essayaient de me réconforter par des phrases du type “avec le temps la douleur s’apaisera” “la vie continue”. ..
J’ai donc décidé d’aller voir un médecin pour m’aider à traverser cette épreuve.
Et là ! BOOM L’explosion ! Cet homme me regardant droit dans les yeux me dit :” c’est ainsi, Dieu en a voulu ainsi “
Waouh ! Dieu, Dieu, Dieu... Excusez ma grossièreté mais franchement celui-ci commençait vraiment à m’emmerder ! Depuis ma naissance il ne m’envoyait que des galères, il me prenait toutes les personnes que j’aimais...
A croire qu’il m’avait tiré au sort lors d’un jeu “tu ne souffres pas assez alors t’en voilà d’autres”
Je suis rentrée et ma belle mère, une femme charmante, m’a dit “pleurer ne sert à rien !”.
Trop c’était trop ! Le monstre qui depuis des semaines s’emplissaient de toutes ces vérités toutes faites que l’on balance à l’autre lorsque l’on se sent impuissant face sa détresse, a surgi !
Avec une envie de massacrer tout ce monde qui n’entendait pas mes douleurs qui ne cessaient de répéter c’est comme çà, il faut accepter, tu verras après tu iras mieux, tu vas apprendre quelque chose de cela, ce qui ne tue pas rend plus fort...
Enfin vous voyez toutes ces phrases que vous avez certainement déjà entendues et parfois même dites !
Alors j’ai fui, effrayée par mes envies de meurtre, par cette colère qui m’étouffait et je me suis réfugiée à la campagne seule avec mon chien. Les premiers temps je me suis laissée aller totalement à mon chagrin, j’ai pleuré, j’ai hurlé, j’ai insulté l’invisible. Puis au fur et à mesure le calme s’est installé et là j’ai commencé un vrai travail sur tout ce que je venais de traverser.
Ce fut long, mais j’ai enfin compris.
Oui c’était vrai ils avaient tous raison !
Avec le temps la peine s’apaise, tout ce qui nous arrive à une raison d’être, rien n’est du au hasard ou à la malchance et même la mort de nos proches nous est parfois utile.
La mort de mes parents m’a permis de passer du stade de victime à celle de responsable, à permettre à cette petite fille qui n’avait pas grandi et qui se cachait derrière le secret de sa naissance à devenir une adulte, à prendre son indépendance et à se retrouver...
Mais ce dont j’ai pris conscience c’est que pour comprendre ces événements nous avons besoin de les vivre et non pas de nous réfugier dans des camisoles chimiques qui ne feront qu’enfermer en nous ces douleurs, ces souffrances qui veulent se retrouver dans la lumière de notre compréhension et de notre évolution.
Et elles resteront toujours là tapies au plus profond de nous, nous laissant survivre avec un goût amer de fatigue, d’épuisement morale, jusqu’au jour où tel un volcan elles surgiront détruisant sur leurs passages...
Marie-Noëlle BON
Guérison d’âme
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