Aimer : Je T'aime
Est-ce suffisant de dire à l’autre je t’aime ?
Que veut dire ce mot je t’aime ?
Est-il en capacité de prouver à l’autre que notre cœur déborde d’amour ?
Non ! J’aime est devenu banal, nous l’employons aussi bien pour nos chers aimés que pour un mets savoureux !
Je t’aime pour moi est juste rien, quelques lettres qui forment un mot dénué de tout sens car trop utilisé, sans la conscience de qui est l’autre, de ses besoins, de ses attentes et de ses souffrances.
Nous sommes des êtres imparfaits, et c’est parfait ainsi.
Nous sommes un tout, fait de joie et de tristesse, de paix et de colère, d’amour et de haine, de confiance et de doutes, de regrets et de remords, de réussite et d’échecs.
Nous sommes la somme de toutes les actions que nous avons posées ou pas, de tous les mots que nous avons dits ou pas, de toutes les pensées que nous avons émises ou pas. Nous sommes le tout…
Et dans l’amour bien souvent nous ne voulons accepter que le bon côté de chacun, et nous refusons de voir l’être comme un tout. Tout comme nous refusons de voir que nous sommes, nous aussi un tout.
J’ai compris en plongeant dans mes souffrances de la perte de l’être aimé, qu’aimer l’autre, c’est aussi ressentir et accepter, quand il s’enferme dans sa souffrance, quand ces vieux démons viennent le torturer. C’est d’être là près de lui par notre sincère présence lointaine ou distante, par un sourire, par un mot doux, réconfortant, par une écoute bienveillante. Et ainsi l’aider, à regarder ses démons, sans vouloir les combattre, juste les accepter, le temps de comprendre qu’ils ne sont que le passé. Et que tous ces vieux démons assoiffés, se donnent à cœur joie de lui voiler tous les plaisirs et les joies de ce même passé.
Et c’est ainsi que la petite lueur d’espoir d’un présent de joie, pourra de nouveau luire pour le guider vers toutes ses beautés cachées, qu’il ne voyait plus.
Le mal ne peut exister sans le bien, et nous ne pouvons vivre en occultant le mal. Car il est en chacun de nous.
Et s’il était juste présent en nous, juste là pour nous guider à faire le bien, pour nous guider dans l’amour ?
Mais bien souvent nous ne pensons qu’à le combattre. Et le combat ne peut mener qu’aux conflits, conflits intérieurs, extérieurs.
Et cette guerre que nous nous menons contre ce que nous croyons être le mal, lui permet de prendre le dessus et de nous emprisonner dans ses enfers.
Quelle jouissance pour lui à ce moment-là !
Il est tellement heureux d’avoir gagné, de nous avoir anéanti, de nous avoir isolé, et de nous torturer à chaque instant. Et sa plus grande victoire est d’éteindre la flamme de l’espoir, par les rafales des souvenirs de nos échecs, de nos vieilles souffrances, qui nourrissent des tsunamis de peurs, de doutes pour aujourd’hui et demain.
Mais, nous sommes le bien et nous sommes le mal !
Et il est important de toujours garder cette notion quand nous aimons !
Car l’autre est aussi le bien et le mal, et lorsque nous nous laissons aveugler par le mal que nous voyons en lui, nous oublions de voir le bien qui est toujours là, peut-être caché par des nuages de la vie, mais toujours présent.
Mal ou bien
Et si acceptions de laisser la brise du printemps, balayer par sa douceur, tous ces éclairs de reproches et de colère. Et ressusciter en nos cœurs, tous ces magnifiques moments que nous avons vécus, ces moments de complicité, ces moments de douceurs, ces moments de rire, ces simples choses de la vie qui nous faisaient sourire, et nous enlaçaient dans la douce joie d’être ensemble.
Nous pourrions, ainsi, alimenter notre amour, lui laisser nous dévoiler sa force, et ainsi le mal reprendrait sa juste place, sa place de garde-fou.
Il deviendrait un guide qui nous accompagnerait vers les profondeurs cachées de notre cœur. Où réside un amour, pur, innocent, accueillant. Qui ne demande qu’à voyager, au travers le temps, au travers l’espace de la vie, pour se déposer dans le cœur de celui et celle qui s’est laissé voilé par le double jeu du mal.
L’amour c’est la simplicité, la sincérité, l’authenticité, l’amour est pure vérité.
L’amour c’est oser se dire, oser se dévoiler, en délaissant toute pudeur, toute fierté, et en acceptant d’être vulnérable. C’est oser être avec l’autre, l’être complet que nous sommes avec sa foi et ses doutes, avec ses peurs et ses espoirs, avec sa douceur et sa force.
En amour la vulnérabilité n’existe pas, l’amour est force, l’amour est puissance, l’amour est la source de la vie ! L’amour c’est le bien !
Les non-dits, les secrets, les peurs de se dire, la pudeur, la fierté sont les antidotes de l’amour et les graines de la souffrance.
Ils sont les poisons qui nous rongent et nous enferment dans des questionnements qui restent sans réponse.
Et ces non-réponses nous enferment dans une cage ronde de solitude, où le combat nous divise, nous sépare, et où aucune porte de sortie ne peut s’ouvrir.
Combattre l’amour n’est qu’une arme fatale nommer contrôle et comme toute arme elle n’est que destruction !
Alors c’est vrai que parfois l’amour peut nous faire souffrir, mais est-ce la réalité ? Est-ce que la souffrance que nous ressentons est provoqué par l’amour pur ou par le contrôle qui a pris le dessus ?
Longtemps je croyais que l’amour était souffrance, je voyageais entre le passé et le futur, emportée dans le train de la colère et des ressentiments, sans jamais prendre le temps de m’arrêter sur le chemin du présent. Et d’admirer la beauté qu’il m’offrait, de goûter à sa tendresse, de déguster ses joies et ses douceurs.
Je n’étais qu’une voyageuse emprisonnée dans son wagon de solitude, ruminant les pensées de ce qui n’était pas et de ce qui serait plus et dans une guerre impitoyable entre moi et moi.
Mais aujourd’hui j’ai accepté de tirer sur le signal d’arrêt d’urgence. J’ai osé descendre dans ce train, j’ai osé poser un premier pas sur le quai du présent, puis un second. Et je me suis enfin accepté à laisser mon cœur prendre les commandes d’un nouveau train, plutôt d’une micheline, qui sillonne lentement la vie, en prenant le temps de poser mon regard, sur ces petites choses que je ne voyais plus.
Un regard de tendresse, un sourire de douceur, une main réconfortante, des bras sécurisants, car l’amour n’a pas besoin de mots pour s’exprimer.
Dans l’amour nous pouvons penser que nous sommes vulnérables, et bien tant mieux, car la vulnérabilité est magnifique. La vulnérabilité c’est notre cœur, notre sincérité, notre authenticité, c’est nous. Et nous sommes des êtres magnifiques, nous l’avons juste oublié.
Nous nous sommes perdus en nous noyant dans toutes ces expériences que nous avons nommées « mal », et nous avons oublié toutes ces expériences que nous avons nommées « bien ».
Tout est équilibre, un équilibre parfois fragile, mais qui existe pour celui et pour celle qui osera aller à la rencontre de cet amour en son cœur qui est pur, et qui ne demande qu’une seule chose prendre sa juste place.
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