Nous venions de nous installer à une table, dans un restaurant parisien. C'était le midi, et cette pause était la bienvenue pour digérer tout ce que nous venions de recevoir en enseignement.
Naturellement, j'ai pris le pichet d'eau sur la table, et j'ai servi la personne près de moi.
A cet instant, notre enseignante a arrêté mon geste par un : "mais qu'est-ce que tu fais là". Moi, surprise, j'ai bredouillé un : "ben je lui sers un verre d'eau". Sincèrement je ressentais que j'allais me faire laminer, au vu de son regard et du ton de sa voix.
- "Est-ce qu'elle t'a demandé de l'eau ?", me rétorqua-t-elle
- " Ben non" lui ai-je répondu, pas certaine de la réponse, car je ne comprenais pas où elle venait en venir.
Tout le monde nous regardait, et le silence était aussi lourd et pesant, que tous ces regards qui convergeaient vers nous. Chacune et chacun s'interrogeait sur la suite de ces échanges.
Alors que je ruminais à l'intérieur de moi, et je ne vous rapporterais pas ici mes pensées ! Elle me lança : " si elle a soif, soit elle se sert soit elle demande !"
Un bel enseignement de vie
Ce jour là j'ai reçu un très grand enseignement, et je peux vous assurer que la violence de ces remarques, m'ont permis de l'intégrer. Pas dans l'immédiat car bien sûr, sur le moment je me suis lancée dans la tirade des bonnes manières. Enfin j'essayais de me sortir de ce mauvais pas !
Une fois, mon ego rassuré, je me sentais quelque peu humiliée ! J'ai repassé dans ma tête ce qui venait de se produire. Et j'ai compris !
Nous n'avons pas à anticiper les besoins des autres et faire pour eux.
En effet, en anticipant et en faisant, nous privons l'autre de son pouvoir et nous la positionnons dans un rôle de victime. Nous n'aidons pas l'autre, nous le maintenons au fond de son trou.
La solution volée
Certes, servir à boire à une personne sans qu'elle nous l'ai demandé est peut-être un exemple peu révélateur, mais il reflète bien souvent notre quotidien. Nous proposons notre aide dès que quelqu'un nous parle de ses problèmes. Nous lui faisant des suggestions du type : tu devrais, il faudrait faire ceci ou cela...". Seulement la nature humaine est parfois bien compliquée. En effet, il est très rare que celle ou celui qui demande conseils, suivent ceux qu'elles ou ils reçoivent !
Donc si notre suggestion est la seule solution, la personne se retrouve piégée dans son problème. Elle se retrouve enfermée dans un rôle de victime, convaincue qu'il n'y a aucune solution.
Cet enseignement je l'ai à de nombreuses reprises bafoué, arguant que j'agissais pour le bien de l'autre. Le résultat : la personne ne trouvait pas de solutions, restait noyée dans ses problèmes et moi, j'étais épuisée et surtout je me sentais impuissante face à sa souffrance.
Et cette impuissance est venue au fil du temps rogner l'estime que j'avais en moi sur mes capacités à aider, à accompagner les autres vers le changement.
Face à quelqu'un qui nous raconte ses problèmes...
Ecouter, juste écouter et si nous entendons : " et toi qu'est-ce que tu ferais à ma place", de répondre : " je ne suis pas à ta place, je ne peux donc pas te répondre".
Pour aider cette personne, nous avons besoin d'inverser les rôles par : "et si c'était moi qui te racontait (nommer tous les problèmes que vous venez d'entendre", que ferais-tu ?" Ainsi vous redonner à l'autre sa responsabilité et son pouvoir.
Bien souvent, quand nous confions nos problèmes à d'autres, nous attendons que les autres les résolvent. Mais nous avons tous notre propre histoire, nos propres démons et tous les conseils que nous pourrions donner sont bien souvent des conseils que nous n'avons pas été capable de suivre pour nous-même.
Alors rendons-nous service en nous protégeant et rendons service aux autres en les responsabilisant. Car je ne sais pas si vous l'avez déjà remarqué, bien souvent, nous recevons les coups de retour de notre aide, quand elle n'a pas été sollicitée !
Et vous, comment vous positionnez-vous face aux personnes qui vous racontent leur problème ?
Bonjour Marie Cécile,
lorsqu'une personne me raconte ses problèmes (hors cabinet), Avant j avais tendance à vouloir faire à la place de l'autre, aujourd'hui , il me semble un peu moins mais je sens que cela fait un poids sur mon plexus, tendance à fermer mes bras, à dire , je sais pas trop ou autre expression de ce type mais souvent les amis attendent la solution et ressasse et cela me pèse encore plus.
j'ai une impression que ça m'isole plus....
Bonjour Marie Noelle, lorsqu'une personne me raconte son histoire j'ai tout de suite l'intention de l'aider.
Mon passé y est pour beaucoup et je pense bien faire.
Cela veut dire que je suis toujours et encore dans le triangle victime bourreau et sauveur.
Quel protocole peut me sortir de ce carcan ? Merci 💝🥰